Au centre des Mots à la gorge, Daniel Dorme, acteur qui s'engage dans une entreprise paradoxale et insensée, réussit. Mais sa réussite n'est pas sociale : un homme n'existe socialement que par les apparences. Attiré presque malgré lui dans le journalisme, il s'applique à exceller, car il faut vivre et faire vivre. Il excelle aussi dans cet univers journalistique qui suit les lois de la publicité et du grand nombre jusqu'au jour où le regard intérieur est plus fort, où les mots qui le gonflent explosent… À la porte l'anarchiste ! Il finit en dingue, tranquille, glorifié par une société qui aime les absolutions collectives. D'autres personnages traversent ce roman : Léopold, à la philosophie patronale, lyrique et roué, acteur inlassable et de bonne foi, Paul Fargez, autre anarchiste lucide et tendre, de très mauvaise compagnie, Marie-Luce la-voix-haute… L'auteur les aime tous d'un égal amour, même lorsqu'il semble accabler l'un, exalter l'autre, car tous se débattent dans un monde inhumain qu'ils n'ont ni l'idée ni le courage d'affronter.
Le présent ouvrage est une nouvelle édition du roman paru en 1969, chez Gallimard.