« Un éclat d'obus qui vint te cueillir, te chercher, se perdre là où tu te trouvais. Marchant courbé dans un boyau, ou la tête rentrée dans les épaules en faction à un créneau de guetteur, ou assis dans la fausse sécurité d'un abri en train de boire du jus, de lire ou d'écrire une lettre, d'attendre que ça finisse… de dormir. Ou même, de la façon la plus vulgaire, aux feuillées, car la mort partout se moque de la posture dans laquelle elle saisit le vif. Un éclat d'obus. Peut-être pas plus gros qu'un grain de maïs et qui fait un trou net dans la tempe, d'où le sang jaillit avec de la cervelle. » (extrait)
« Les seuls récits, fictifs ou non, qui me touchent vraiment sont ceux qui rapportent la totalité d'une existence. C'est ce que j'ai essayé de faire, avec les éléments dont je pouvais disposer, pour deux oncles de ma mère et deux cousins de mon père, tous tués à la guerre de 14-18. » C'est la mémoire de ces hommes qu'il célèbre et nous livre aujourd'hui dans un texte où le récit et l'évocation se relaient sans relâche.
Les Matins bleus sont ceux qui succédèrent à la disparition de la mère de l'auteur. Celui-ci, en remontant le temps et la généalogie familiale, signe un livre de mémoire intense.