Poser cette question ouvre plusieurs chemins. D’abord, est-il possible de justifier l’interdit du meurtre de façon purement rationnelle, sans recourir à aucune conception religieuse touchant la sacralité de la vie humaine, ni à aucun postulat moral hérité par tradition ? Il s’avère que la pensée rationnelle ne vient fonder qu’après-coup un interdit qui est déjà institué dans l’histoire et les sociétés humaines. Mais dès lors, comment penser l’institution d’un interdit qui semble soutenir toute institution ? Y a-t-il un sens à dire que les hommes ont dû s’entendre une bonne fois pour interdire le meurtre, si toute entente présuppose initialement de ne pas s’entretuer ?
« Tu ne tueras point » : dans cette directive se fait entendre un défi pour la pensée, tant elle semble se dérober à toute tentative de lui assigner un fondement et une origine.