On pourrait croire que la pensée, contrairement à un corps, ne peut subir de contraintes : immatérielle, comment l’attacher et la maîtriser ? Il semble donc, à première vue, que de nos pensées, nous soyons tout à fait libres. Pourtant rien de plus contraint et enchaînée que la pensée. Dans ces conditions, comment soupçonnerait-on ces chaînes, si elle sont invisibles ? Comment ensuite, en admettant qu’on puisse détecter la présence de ces chaînes, s’en libérer ? Et comment être sûr que d’autres chaînes n’auront pas surgi entre temps ?
Nous tenterons de répondre à ces questions en retraçant le chemin de la pensée : historiquement, la liberté de penser a une naissance, parce que cette liberté est d’abord une libération, celle de la parole d’avec l’explication cosmologique et mythologique du monde. On étudiera, dans un premier temps, les trois conditions qui ont présidé à cette libération (économique, politique et psychologique). Nous verrons ensuite que la capacité à interroger constitue l’essence d’une pensée libre. Cependant, cette capacité, si elle apparaît déjà dans l’enfance, est rapidement recouverte par l’éducation, la culture, l’existence en général. C’est la notion de conscience qu’il conviendra d’interroger alors pour en comprendre l’essence et la structure. On étudiera enexemple l’histoire d’une illusion.