Le capitalisme de notre époque, numérique, nous entraîne avec lui vers la catastrophe. Ce mouvement planétaire n’offre aucun refuge. Pour le combattre, notre seule issue est de le penser. Bernard Stiegler nous le propose.
Notre capitalisme est une « prolétarisation généralisée ». Les algorithmes prennent au salarié son savoir-faire et au consommateur son savoir-vivre, le big data automatise son existence, loisirs compris. Le savoir théorique est passé dans les machines, qui décident pour nous.
La solution de Bernard Stiegler passe par une « relance du désir ». Nous désirons travailler et ne nous contentons plus d’un emploi. Nous désirons consommer ce que nous aimons et souffrons d’une consommation addictive. Nous désirons employer notre temps hors travail à autre chose qu’à être des clients d’industries culturelles. Nous désirons et rêvons à l’improbable, interdit par ce capitalisme. Nous désirons et aimons l’intelligence.
Nous sommes ces poissons empoisonnés dans leur milieu qui ne rêvent que de s’en échapper « par intermittences » et voler. L’urgence est que l’Europe mette le savoir au cœur de sa politique industrielle, le pharmakon numérique en est l’instrument.
Telle est la proposition de Bernard Stiegler pour « réenchanter le monde ».