À mesure de notre immersion au plus profond des forêts sauvages, nous éprouvons des impressions, sensations, sentiments jusque-là ignorés dans nos villes, nos campagnes, et même dans les forêts domestiquées : la forêt sans l'homme réveille l'humain intérieur. Mais très vite, nous comprenons que ces lieux sont impropres au tourisme, à toute forme ordinaire de fréquentation humaine, tant nous véhiculons, à notre insu, tous les conditionnements psychologiques de notre société. Dès lors, comment retourner vers la nature sans la faire reculer ? La reconnaissance des forêts sauvages par notre culture devrait aboutir à un point de rupture où s'opèrerait la reconversion de nos sensibilités, et à un revirement face à tant d'atavismes séculaires. Nous sommes voués à reconnaître que la nature est autre, bien au-delà de nos représentations.
Écoutez l'auteur dans l'émission "Prise de terre" sur la Radio suisse romande