Elle ramasse les pots cassés et les restaure sous l'armature qui leur convient. Une verrière, un grenier, une ossature, une nef, des parois vitrées. Très loin de sa cave d'où sortent ses œuvres en flammes insoumises. Noir ou couleur, ce qu'elle privilégie ce sont les moyens de fortune : un chéneau, pour elle tombé du ciel, des encres offertes, l'essentiel est l'envergure possible, le moyen, après les heures passées en révérence, de garder la tête haute. Quand elle quitte son atelier, elle évalue les étages, les hauts murs, les ogives, les lieux élevés qui capturent la lumière et les ombres s'agitant au-dessus du trafic. Ce qu'elle a vêtu de neuf s'échauffe, monte lentement comme une fine colonne de mercure. Elle accroche, elle arrime, laisse flotter. Puis nous convie à ce décalage : la pauvreté des choses hissée au rang d'épure.
Bio auteur
Dans ses publications depuis 1978, en poésie et en prose, Yves Bergeret explore les espaces en turbulence : Sahel et Caraïbes, montagnes jeunes, déserts rebelles, archipels instables. Ses recherches aboutissent aussi à des « performances » et des « installations » ; il y associe des créateurs populaires « poseurs de signes », ou des artistes plasticiens. C'est ainsi qu'il crée des poèmes-peintures sur papier ou sur tissu dont le format peut aller jusqu'à 6 mètres sur 10, œuvres toujours réalisées en public.